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Le compte à rebours est enclenché: après des années de reports successifs, le vaisseau Starliner de Boeing doit pour la première fois décoller lundi soir avec des astronautes à bord, direction la Station spatiale internationale, et ainsi rejoindre le club très privé des vaisseaux spatiaux ayant transporté des humains.
Boeing joue gros sur cette ultime mission test, qui doit lui permettre de démontrer que son vaisseau est sûr avant de commencer les missions régulières vers la Station spatiale (ISS) -- avec quatre ans de retard sur SpaceX.
Les astronautes américains Butch Wilmore et Suni Williams doivent décoller lundi à 22H34 de Cap Canaveral en Floride (mardi 02H34 GMT) à bord de la capsule Starliner, qui sera propulsée en orbite par une fusée Atlas V du groupe ULA.
La météo s'annonce favorable à 95% au lancement.
Ces vétérans de l'espace, tous deux venus de l'US Navy, se sont chacun déjà rendus deux fois dans l'ISS, à bord d'une navette spatiale puis d'un vaisseau russe Soyouz.
Mais cette fois, "tout est nouveau, tout est unique, le vaisseau lui-même, la façon dont il vole", a souligné Butch Wilmore. "Je ne crois pas qu'aucun de nous ait jamais osé rêver être associé au premier vol d'un tout nouveau vaisseau", s'est-il réjoui aux côtés de sa collègue.
Pour la Nasa, qui a commandé ce véhicule il y a dix ans, l'enjeu aussi est grand: avoir un deuxième véhicule en plus de celui de SpaceX pour transporter les astronautes américains "est très important", a souligné Dana Weigel, chargée du programme de l'ISS.
Cette capacité permettra de mieux répondre à "différents scénarios" d'urgence, par exemple en cas de problème sur l'un des vaisseaux, a-t-elle expliqué.
- Pilotage manuel -
Une fois dans l'espace, les astronautes doivent tester le pilotage manuel du vaisseau. Starliner doit ensuite s'amarrer à l'ISS mercredi vers 05H00 GMT et y rester un peu plus d'une semaine, avant de ramener ses deux passagers sur Terre.
La Nasa a prévenu que des imprévus pourraient ponctuer cette mission, puisqu'il s'agit d'un vol test destiné à effectuer d'ultimes réglages.
La réussite de cette mission serait plus que bienvenue pour Boeing, dans la tourmente pour des problèmes de sécurité sur ses avions, et dont le programme de développement de Starliner s'est transformé en saga marquée par les mauvaises surprises et les contretemps.
En 2019, lors d'un premier test sans équipage, la capsule n'avait pas pu être placée sur la bonne trajectoire et était revenue sans atteindre l'ISS.
Puis en 2021, alors que la fusée se trouvait sur le pas de tir pour retenter le vol, un problème de valves bloquées sur la capsule avait encore entraîné un report.
Le vaisseau vide avait finalement réussi à atteindre l'ISS en mai 2022.
Boeing avait ensuite espéré pouvoir réaliser le premier vol habité la même année. Mais des problèmes découverts tardivement, notamment sur les parachutes freinant la capsule lors de son retour dans l'atmosphère, ont de nouveau engendré des retards.
"Il y a eu un certain nombre de choses qui ont été des surprises, que nous avons dû surmonter", a déclaré lors d'une conférence de presse Mark Nappi, responsable chez Boeing. Mais "cela a rendu nos équipes très fortes", a-t-il assuré.
"Il est assez classique que le développement d'un véhicule spatial pour humains prenne dix ans", a-t-il ajouté.
- Battu par SpaceX -
Seule une poignée de vaisseaux américains ont transporté des astronautes par le passé.
La capsule Dragon de SpaceX a rejoint cette liste en 2020, succédant aux mythiques programmes Mercury, Gemini, Apollo et des navettes spatiales.
Après l'arrêt de ces dernières en 2011, les astronautes de la Nasa ont dû voyager à bord des vaisseaux russes Soyouz.
C'est pour mettre fin à cette dépendance qu'en 2014, l'agence spatiale américaine avait passé un contrat de 4,2 milliards avec Boeing et de 2,6 milliards avec SpaceX pour le développement de nouveaux vaisseaux.
Malgré cette différence de financements, "SpaceX a fini 4 ans avant" son concurrent, n'a pas manqué de rappeler lundi le patron dans l'ancienne start-up, Elon Musk. "Beaucoup trop de responsables ne sont pas des techniciens chez Boeing", a-t-il taclé.
Une fois Starliner opérationnel, la Nasa souhaite alterner entre les vols de SpaceX et Boeing pour acheminer ses astronautes jusqu'à l'ISS.
Après la mise à la retraite de l'ISS en 2030, les deux vaisseaux pourraient servir à acheminer des humains vers de futures stations spatiales privées, que plusieurs entreprises américaines prévoient déjà de construire.
(G.Gruner--BBZ)