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Printemps précoces, sécheresse mais aussi inondations : le célèbre Chelsea Flower Show de Londres et ses jardins extraordinaires sont cette année plus que jamais soucieux de s’adapter au dérèglement climatique, tout en minimisant leur empreinte carbone.
L’exposition florale attend à compter de mardi plus de 150.000 visiteurs venus admirer ses jardins éphémères, apprendre, acheter, et s’inspirer de tout ce qui fait de cette exposition l'une des plus prisées au monde.
Le roi Charles III, qui a repris de nombreux engagements publics depuis fin avril tout en poursuivant son traitement contre le cancer, s'y est rendu lundi en fin d’après-midi avec la reine Camilla.
Environnementaliste passionné, il avait à son programme la visite d'un jardin créé par et pour des enfants, une première au RHS Chelsea.
Les élèves d’une école primaire y ont laissé libre cours à leur imagination, avec un toboggan, une petite rivière, une cahute en bois, des fleurs carnivores...
L'exposition, organisée par la RHS (Royal Horticultural Society) dans le parc du Royal Hospital de Chelsea, est depuis des années soucieuse de développement durable et de biodiversité.
- Empreinte carbone -
Pour réduire l'empreinte carbone, les plans initiaux des plus grands jardins, tous sponsorisés en raison de leur coût, ont subi cette année un audit portant sur les matériaux prévus pour les constructions, la quantité et qualité de l’eau, la biodiversité, les déchets…
Les plans ont ensuite été adaptés, permettant selon la RHS une réduction de plus de 20% de l’empreinte carbone.
Depuis l’an dernier, tous les jardins de Chelsea doivent être transférés après l'exposition, dans leur intégralité ou en partie, pour agrémenter des hôpitaux, écoles ou autres lieux publics dans tout le pays.
Parmi les 35 jardins en compétition dans quatre catégories cette année, l’un d’eux se concentre sur la récupération de l'eau de pluie pour lutter contre la sécheresse, avec un pavillon au toit en pente élégamment incurvé, qui récupère l'eau et la redirige pour être stockée. Les plantes ont été sélectionnées pour leur résilience, à la sécheresse pour certaines, aux inondations pour d'autres, selon leur emplacement. Un arbre a été spécialement choisi pour la capacité de ses racines à conserver l'eau.
Le Water Aid Garden "est comme une éponge géante", explique à l'AFP son concepteur Tom Massey. "Elle attire l'eau (...), l'aménagement paysager est ouvert et perméable et lui permet de circuler et de garder l'humidité du jardin".
- Enorme défi -
Un autre jardin a été conçu pour jouer un rôle actif contre les inondations, capable de s’adapter à différents niveaux d’eau, avec un système de canalisation et drainage, et des réservoirs qui font aussi office de bassins d’agrément.
"Rendre un jardin plus résistant au climat et aux inondations ne doit pas nécessairement être un compromis sur sa forme ou sa fonction", explique Naomi Slade, conceptrice de ce "jardin résilient aux inondations".
"Avec la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, des fortes pluies et des inondations, ainsi que des sécheresses et même des incendies de forêt, beaucoup de gens sont inquiets. Ils peuvent se sentir impuissants, mais les jardins sont des outils extrêmement puissants", ajoute son co-concepteur Ed Barsley.
Un des jardins exposés cette année n’utilise que des matériaux recyclés provenant de précédents Chelsea Flower shows.
Le changement climatique est dans tous les esprits.
Après un hiver doux et un printemps précoce, puis un coup de froid, certains jardins, qui parfois utilisent des milliers de plantes différentes, ont dû revoir leurs plans.
Ann-Marie Powell, conceptrice du jardin Octavia Hill, explique ainsi à l'AFP avoir renoncé aux aubépines locales, déjà fanées, ou à certaines variétés d’iris.
"Le changement climatique est un énorme défi", mais c'est aussi une "magnifique opportunité", ajoute-t-elle, enthousiaste, se réjouissant d'avoir pu utiliser des plantes "qu'on ne voit généralement pas à Chelsea". "Les gens doivent s'adapter, expérimenter", ajoute-t-elle.
(H.Schneide--BBZ)