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C'est un bracelet chargé d'Histoire porté par la plus connue des reines de France, Marie-Antoinette, et que le plus ancien joaillier de la planète, Mellerio, expose à New York pour s'implanter dans l'une des capitales mondiales du luxe, même si le marché international s’essouffle.
Cette pièce unique, composée de sept camées antiques montés sur un bracelet avec des motifs floraux de grenats et de l'argent, n'est "pas un bijou fastueux de la Cour" mais elle est "historique", vante la représentante de la 14e génération des Mellerio dits Meller, Laure-Isabelle Mellerio, présidente du joaillier français fondé en 1613.
Pour la "petite histoire" racontée à l'AFP par Mme Mellerio, également directrice artistique, son lointain ancêtre Jean-Baptiste Mellerio, adolescent vers 1780, se présente un jour "aux grilles du Château de Versailles" pour proposer sa marchandise.
Repéré par Marie-Antoinette, qui a "le goût de l'Antiquité", Mellerio lui vend ou lui cède le fameux bracelet que la dernière reine de l'Ancien Régime de France gardera jusqu'à son exécution par guillotine le 16 octobre 1793 à Paris.
Récupéré par cette famille toujours aux commandes du plus vieux joaillier indépendant du monde, le bracelet est, plus de deux siècles après, la pièce "maîtresse" de l'entrée de Mellerio aux Etats-Unis et à New York, pôle international de la finance, des arts et du grand luxe.
- "Saut de l'Atlantique" -
"On a fait le saut de l'Atlantique", se réjouit auprès de l'AFP son directeur général Christophe Mélard.
Implanté rue de la Paix, dans le célébrissime quartier parisien de la joaillerie, place Vendôme, Mellerio a choisi son équivalent à Manhattan, où se dressent des enseignes internationales prestigieuses entre la 5e avenue, la 57e rue et l'avenue Madison.
Jusqu'à fin octobre, le bracelet de Marie-Antoinette trône au milieu de bijoux Mellerio plus contemporains au rez-de-chaussée d'un célèbre grand magasin new-yorkais.
Mme Mellerio et M. Mélard, qui refusent de communiquer leur chiffre d'affaires, affirment que les Américains représentent la "deuxième nationalité de (leur) clientèle étrangère", après les Japonais.
"Historiquement, la maison a toujours eu des liens forts avec le Japon et sa famille impériale", rappelle le directeur général, mais Mellerio a constaté que "la part des clients américains était passée de 2% à 20% entre 2019 et aujourd'hui".
Reste que le marché mondial du très grand luxe montre des signes de ralentissement, selon des analystes.
Dans une note en septembre titrée "été cruel", la banque HSBC a réduit de 5,5% à 2,8% sa prévision de croissance du secteur en 2024, en raison d'une baisse de la consommation aux Etats-Unis et en Chine due à l'inflation.
Elle prédit ainsi "la 6e plus mauvaise année en 20 ans".
Le cabinet JLL pense toutefois que la distribution du luxe aux Etats-Unis et à New York va rester florissante avec 82 milliards de dollars de ventes d'ici 2028, contre 75 milliards en 2023, soit près d'un tiers du chiffre d'affaires mondial.
(Y.Berger--BBZ)